Quelques horreurs qui se passent à l’autre bout du monde
Des gouttes de goudrons tombée devant notre pallier
Les murs ont l’air encore solide, pas besoin de s’affoler
Mais on voit déjà l’incendie pointer le bout de son nez
Des paroles ça et là
quatre vingt ans, c’est vieux pour retomber en enfance
C’est si facile de retomber en violence
Le monde ne tiendra pas debout très longtemps
Il faut chercher quelqu’un à haïr
Il faut accorder les violences
Donner des harmonies
Quel sang va couler
Et déjà on commence à regarder
Qui sera sacrifié
On parle des lendemains qui chanteront
Et de la victoire au bout du tunnel
qui s’approche.
Mais on imagine toujours qu’on sera de l’autre côté
A regarder l’horreur traversée
Chaque squelette était une personne en espoir
En espoir ou en lâcheté ?
Les voilà qui cirent les bottes
Les voilà qui commentent les rafles
En se demandant s’ils ont tort ou raison.
Tandis que le monde brûle
Certains s’attachent à la sémantique
Les autres se demandent ce qu’il faudra briser
Pour réussir à passer de l’autre côté
Le tunnel ressemble à un trou de souris
Couvert d’une poix noirâtre
D’une toile de fascisme insondable
Ohhhh le vilain mot que voilà
Mais si on l’oublie
Qu’est-ce qu’on aime ce qu’il veut dire
Et le monde avance, hypocrite à son propre regard
Les troopers se croient dans la résistance.
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Demeure
La gare a ceci de magnifique qu’elle est en constant mouvement. On s’y installe, on écoute. C’est la course de chacun. Pour arriver à temps. Pour avoir le temps d’accueillir. Pour avoir le temps de se séparer. Les larmes elles-mêmes sont fragiles, bien souvent étouffées par le peu de temps disponible. Les sourires eux, s’étendent, certes, mais déjà ils ne sont plus sur les quais.
C’est là qu’on lit avec Joachim. On s’est installé comme des gamins, au bout du quai, là où les trains passent à vingt centimètres de toi devant et dix derrière. Là où faut pas allonger les jambes. Là où le frisson fait trembler. En général, on y reste une trentaine de minutes avant qu’un employé ne vienne nous déloger. « Zavez rien à faire là ! » Parfois c’est la sécurité de la gare qui le fait à leur place. On ne les emmerde pas. Mais on revient. Petit à petit. Y en a certains qui nous connaissent. Y en a même un, un vieux type au regard gris, qui nous regarde de loin, nous fait un signe de la main, et continue son chemin, sans nous emmerder plus que ça.
Au final, on est loin de tout ce bordel dont je parlais tout à l’heure. Les retrouvailles et les séparations, elles ont lieu sur le vrai quai, pas sur ce petit coin atrophié, inutile, où personne ne vient. Et pourtant, on les entend jusqu’ici. Chaque sanglot, chaque bonjour, même le froufrou des vêtements quand deux amis ou deux amant se prennent dans les bras. On a beau être loin, on les voit, celle-là qui coure derrière le train pour garder l’autre des yeux, celui-ci qui reste prostrée sur le quai, fume une cigarette en tremblant, et hésite à sauter. On est là. On les voit tous. Pourtant on ne bouge pas.
On a nos livres. Un, deux ou trois. Généralement des livres courts. L’étrange cas du Dr Jekyll & Mister Hide ; Jours sans faim. Ce genre de choses. De quoi passer quelques heures sans bouger, dans le froid, tout en parlant ensemble. Qu’est-ce que t’en penses ? Prends moi dans tes bras ; J’ai mal. Ça fait du bien. Regarde, il a perdu son chapeau.
Ce sont des moments d’éternités, ces moments-là. On se demande toujours ce qui fait qu’on n’a jamais sauté ? Est-ce qu’on sera là dans quarante ans ? Peu probable. On l’a fait deux fois à vrai dire. Rien ne dit qu’il y en aura une troisième. Mais on aime l’idée de se bercer de cette illusion. On aime croire qu’on est là et qu’on y sera à nouveau. On aime croire que rien ne changera, que ce sera une ancre, dans le déferlement. Comme dans ces séries télés où des personnes gardent les mêmes amies trois, quatre, cinq, six ans durant. Le temps passe, encore et encore, mais nous on demeure.
Quelle ineptie. En réalité, les gens arrivent, se posent et repartent. En quelques heures sur un quai, on voit le même manège, mais il n’a rien à voir. C’est un ronron constant de l’humanité. En réalité, nous passons. Seul le temps demeure.
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burnthemall III
Il pleut. Une pluie froide, rêche, brutale. Une pluie de rasoirs qui passe sur la ville, et déchire les immeubles. -
burnthemall II
Regardez les
Regardez les danser et chanter
On n’est pas assez nombreux pour exister
Release the kraken
imagine l’impossible.
Des milliers de tentacules
dans un Yggdrasil en pleine expansion
brûlé dans l’infini
Qui parle de réalité
et relie des imaginaires.
Mille mondes
mille vécus
Mille incidible
Mettre l’invincible
dans la petite case
mordue
meurtrie
brisée
Tu ne regardes pas
tu parles d’imaginaire
tu penses le réel
tu ne tiens plus debout
Regarde moi
J’arrive
encore et encore.
Je suis la marée
tu es le château de sable désormais.
Regarde moi
te tuer.
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Burnthemall I
Il y a des monstres dans leur lit.
Ils ont passé des années à s’essoufler
à s’étonner
à se malmener
Où en sommes-nous
si rien n’est fait ?
Chaque cheminmène à l’identité.
Chaque regard
mène à l’aménité.
Et toi, que feras-tu de ces années mourantes ?
Quand on les regarde, est-ce qu’on peut ne pas les aimer ?Il y a dans la fin
une splendeur qui ne se comprend
que par ceux qui casse et recasse
leurs pensées
Leurs certitudes
Leurs idées.
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Dis moi tout
Le silence de ces adieux
les regards qui s’enfuient
vers le merveilleux.
Est-ce qu’on est seul
si rien ne peut se tenir entre nous et le reste du monde
est-ce qu’on peut briser les rituels
des anciens et des amis ?
On peut se laisser choisir
un corps et une âme
et des rêves brisés, est-ce que ça n’est pas plus beau encore
de jouer au puzzle avec les buts et les idéaux ?
Adieu à ce morceau de coeur
adieu à ce monceau d’amour.
Calé au milieu des géantssur des épaules en glaise
et des petites machines
qui nous portent et nous emportent
est-ce qu’on peut seulement les aimer
les détester
leur donner plus ou moins
que ce que nos pensées
savent créer.
Dis moi tout.
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Victoire
Le groupe approchait lentement de la crête. Dans le ciel, des milliers de vaisseaux se mêlaient les uns aux autres dans un manège rouge et bruns d’explosions retentissantes. Au sol, on pouvait voir les fusées monter dans le ciel de chaque crête, chaque grotte, chaque petit recoin, comme si mille fusées décollaient de concert. La troupe d’une centaine de soldats avançaient rapidement, glissant au dessus du sol, leurs pieds caressant les rocs. Leurs ailes battaient l’aile silencieusement. Takeli regarda la commandante, dont le visage était encore humain. Elle seule avait le droit de lancer l’assaut. Ceux en face savaient les sentir quand ils prenaient leur apparence finale. Il fallait que cela arrive au dernier moment. Au-dessus d’eux, séparé par une falaise de plusieurs centaines de mètres, plusieurs centaines de canons propulsaient des missiles vers le ciel à une cadence infernale. Il avisa une sentinelle et laissa son corps se réduire à celui d’une chauve-souris avant de fondre sur elle.
Au moment où il l’atteignait, il reprit forme humaine, et planta ses crocs dans la gorge de l’animal en bloquant ses deux pores sonores de ses mains. En quelques secondes, l’autre s’effondra, asséché. Il laissa remonter ses crocs, et fit réapparaître ses ailes. L’action n’avait duré que quelques secondes. Déjà, le reste du groupe le dépassait. Un vaisseau chuta à quelques mètres de lui, projetant des rochers embrasés dans tous les sens. Il les esquiva sans difficulté et rejoignit le bout de la troupe. Au-loin, la commandante commençait à changer. Ses jambes s’allongèrent. Son visage se scinda en deux, tandis que deux tentacules perçaient le long de son torse et dans son dos. Ses ailes grandirent, et de larges griffes apparurent tout autour d’elle. Une alarme retentit au sein de la montagne. D’un saut, elle se précipita en haut tandis que tous la suivaient. Des chiens, des chats, des hybrides de salamandres, poulpes et vélociraptor, des aigles et des tigres, tous ailés, dentées, à multiples mâchoires, multiples griffes, et même un poulpe à ailes démesurées qui laissa un cratère à son atterrissage sur le plateau. Takeli lui-même avait changé. Quatre pattes couvertes d’épines avaient poussées sur son torse et jusqu’à ses épaules, tandis que sa gueule s’étaient couvertes de deux larges rangées de dents. Il regarda les poulpes et les buffles creuser des trous dans les bunkers, et se jeta à l’intérieur, tranchant tout ce qui se trouvait à sa portée. En cinq minutes, la batterie toute entière avait cessé de fonctionner.
Il remonta à la surface après avoir reniflé chaque recoin en quête d’une porte cachée ou d’un semblant de vie. Son corps était poisseux. Il s’ébroua en regardant vers le ciel. Il était facile de voir que les bombardiers de l’Alliance prenait l’avantage. Une pluie de sang tombait sur le sol tandis que les vaisseaux ennemis tombaient un à un dans le ciel. Takeli s’approcha de sa commandante. Un bombardier se détacha du reste de la flotte et avança vers eux. Ils reprirent lentement leur forme et se remirent en rang. Takeli regarda le bombardier ouvrir sa soute pour préparer le largage des bombes. Il hésita mais garda son apparence entièrement humaine. La commandante laissa ses ailes déployées en tendant une fusée de détresse vers le ciel pour pointer leurs positions. Les bombes tombèrent quelques secondes plus tard tandis que les derniers vaisseaux organiques s’écrasaient sur le sol. La victoire était totale.
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Illusions
Il pleure
il tombe
des mains immondes
il s’étrangle il se tire
des boulettes de saphir
on se tient par des mots
on s’étrangle de maux
on tâtonne on expérimente
pour tenir sur la pente
glisse, glisse, glisse
petite boule de pétanque
tangue, tangue, tangue
mât d’une idée exsangue
on n’a pas le temps de se croire géant
on n’a pas l’esprit de voir les mercis
on n’a pas le droit de plaquer l’espoir
pour se laisser croire
l’histoire de nos rois
mais voilà
encore
le même mot
qui devient un rythme
au milieu des rots
qui devient refrain
dans un chant incertain
un épis de blé
en pleine forêt
un épi d’écrin
qui brise le regard
alors quoi ? Alors quand ?
On se dit peut-être tout le temps
Alors qui ? Alors pourquoi ?
On a perdu le cri des rois
on a perdu assez de temps
on a perdu tellement d’enfant
On a brisé des chaînes
des vitraux
des haines
pour voir les ruines
se reconstruire toute seule
Mais on se tient l’âme
à force de se croire un drame
On se tient à force d’illusion
on tiendra encore demain
pour être un peu plus con.
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bombardement
Les bombes tombent.
Comme des larmes brûlantes sur la ville. Des billes qui éclatent en sanglots rouges et bruns. Les cris se font entendre. Des mondes entiers qui s’effondrent. Des regards vidés qui s’envolent vers le ciel.
C’est un bout de serpent qui s’étale le long d’un corps déchiré, une lueur diaphane qui s’enfuit d’un visage. Le monde entier s’éteint dans un brusque incendie de murmures et de pensées.
Des caresses glissent dans ce brouillard de vies. Comme une pluie d’âmes filant vers le ciel, montant, goutte à goutte, s’étirant, se brisant, tourbillonnant dans le vent.
Les mains se retiennent un instant, s’affaissent. Des poignets jaillissent des souvenirs qui filent vers le soleil.
Au loin, la ville hurle encore.
Les avions roulent sur les nuages.
Et des fumées blanches, visqueuses, brûlantes
les poursuivent.
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dire
Les temps se tiennent prêt
il y a des perles
il y a des démons
il y a des terres inexplorées
des mains qui se tendent
voilà le manoir où tu as grandi
il est délabré
un appartement déchiqueté
par le temps
rapetissé comme un vêtement trop lavé
les grenades ne tiennent pas toujours ensemble
faut se faire à l’idée
de ne manger que des idées noires
le soleil levant
ne tient pas en place
les idées roulent et grandissent
faut se vider pour tenir le choc
voilà le coup
tiens, encore une petite fois
rien qu’une dezrnière
fais moi mal
emporte moi
j’ai l&éa main tendue
et le regard sec
avide
cupide
les yeux ensanglantés
et les mains
qui ne tiennent pas en place
Laisse toi aller
creuse les tombeaux
il y a des morts qui viendront t’embréasser
tu sauras quoi leur dire ?